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© Gilou

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Vietnam !
ScénarioCaniff Milton
DessinCaniff Milton
Année1984
EditeurGilou
SérieSteve Canyon, tome 1
autres tomes1 | 2
Bullenote [détail]

- Air Commandos (23/01/66 - 19/03/66), [Récit complet]
- Mission à Hanoï (20/03/66 - 29/05/66), [Récit complet]
- Tueur Electronique (24/03/68 - 26/05/68), [Récit complet]

 

1 avis

Mr_Switch
Le 13 janvier 1947 apparaissait Steve Canyon, courageux pilote américain dessiné par Milton Caniff. Canyon est un aviateur démobilisé qui effectue des missions dangereuses, à son compte. Il reprend ensuite du service lors de la guerre de Corée et celle du Vietnam, avec le grade de colonel de l’US Air Force.
La série parait jusqu’en 1988, année du décès de Caniff.

Vietnam rassemble donc 3 histoires du Colonel Canyon au… Vietnam, contemporaines de ladite guerre du même nom, dans la période intense et cruciale de la fin des années 60. Les 2 premières se font suite et datent du 23/01/1966 au 28/05/1966, la troisième du 23/03/1968 au 26/05/1968 soit 2 ans plus tard (je ne sais pas s’il y a eu des épisodes intermédiaires).

Si je peux donner des dates précises et dire que 2 histoires se suivent, c’est qu’originellement tout ceci fut publié en « daily strip », c'est-à-dire une bande (et une seule) par jour, dans un quotidien (américain, bien sûr). Et le dimanche, il y avait l’incontournable planche.
Le livre déroule ainsi cette implacable mécanique : 6 strips, 1 planche, 6 strips, etc.

Ici, on a à faire à une histoire à suivre. On s’éloigne de mes considérations sur les strips d’humour, les Peanuts et autre Calvin et Hobbes. Ce n’est pas la même contrainte drolatique. Ici, nulle considération sur le caractère casse-gueule des strips en 3 cases, ou sur l’effet tout aussi casse-gueule de la couleur sur ceux-ci. Mais l’existence de contraintes sur les histoires à suivre est tout aussi flagrante : Il y a nécessité que CHAQUE strip ait un intérêt propre. Les strips doivent s’enchaîner pour constituer une grande aventure, palpitante si possible. Toutefois, ils doivent s’enchaîner sans aucune superposition (la dernière case d’un strip n’est en aucun cas la première du strip du lendemain). Leur restitution en album-recueil est tout aussi problématique. Je parlais d’écoeurement pour les strips d’humour. Là, j’avouerais plutôt la relative lourdeur de l’entreprise. Ce qui est fait pour être lu en 6 mois (la publication d’une histoire s’étend sur 2 mois) ne se lit pas en 2 heures… Voilà l’archétype d’une BD à lire par petits morceaux (3 pages par 3 pages, soit semaine par semaine), sans quoi elle risque de paraître imbuvable et barbante. A titre comparatif, les Mémoires de Philippe de Gaulle se lisent plus aisément, avec plus de fluidité…
Vous qui êtes lecteurs, vous savez comme il est mal aisé de lire une BD par intermittence, petit à petit sur plusieurs jours, plusieurs semaines. J’ai eu heureusement l’aubaine de pouvoir lire les 100 pages sur 2 semaines. C'est-à-dire l’équivalent de 3 semaines de publication par jour, environ.

Chaque page est, en outre, agrémentée d’extraits de divers livres des années 80, témoignant du Vietnam. Ces paragraphes sont assez déconcertants car souvent « balancés » sans transition, mais non sans rapport, au dessous des planches de strips. Les livres cités sont bibliographiés, donnant ainsi un véritable statut d’objet de réflexion à l’ouvrage.

Les histoires dans tout cela ? Les 3 chapitres répètent la même trame, ou au moins une aventure qui répond au même schéma :
  • Canyon est sur le sol vietnamien, ou sur les mers avoisinantes.
  • Le personnage principal, une belle femme, se trouve en péril. Une femme qui est toujours belle, ou finit par l’être (belle selon des canons pas forcement actuels, certes.)(mais belle.)
    Il y a la star du showbiz qui va mettre à profit ses talents de comédienne pour se camoufler. Il y a la française, riche et puissante contrebandière, agent double mais au service des occidentaux. Et enfin la scientifique russe qui fait du zèle.
  • Les Viets ne sont pas sots mais dupes à souhait. Les chefs Vietcongs sont, eux, assez fats.
  • Du coté américain, les militaires sont drôles, taquins. A l’opposé, les civils sont ambigus, ne peuvent que difficilement être digne de confiance. (Le témoignage mis en écho parle pourtant de ces « salauds » de l’AIR FORCE…)
    Canyon intervient ponctuellement mais on ne le voit en action réellement que dans la seconde histoire.
    Les 2 premières femmes montrent leur force de caractère. Elles n’ont presque besoin de Canyon que pour la logistique du rapatriement. La deuxième aventure, sans doute la plus aboutie des trois, prend même quelques semaines la tournure d‘un vaudeville, sans perdre de vue le tragique de la situation. C’est l’occasion d’assez rares passages au second degré (mais répétitif : la réplique « alala, notre plan est digne d’un film d’Hollywood… » revient plusieurs fois).
    Ces 2 femmes prouvent finalement leur grande bonté. Est-ce édifiant ? Pas vraiment. Néanmoins la seconde aventure se conclue sur le don de soi, avec un passage biblique, une phrase tirée d’un évangile adressée comme lettre d’explication. Nous sommes sans conteste dans une BD américaine ! Ce cliché fera rire certains, mais la encore, il est intéressant parmi les outils de réconfort auxquels Caniff a accès.

    La dernière histoire est plus tragique dans le ton, dans le traitement. L’héroïne est russe et l’avenir qui lui est réservé est moins stéréotypé, plus douloureux. Nous sommes en 68, année symbolique, et Caniff a l’air de ne pas pouvoir rester aveugle au désabusement général. Nous sommes bien moins dans une configuration de « réconfort du peuple » et les relents de Guerre Froide se font plus sentir.
    L’humour est tout de même présent, parfois volontairement, parfois non.
    Que de remue-ménage pour l’essai d’un ordinateur portable. Et déjà il y a des p’tits génies de l’informatique et déjà du hacking, du piratage ! Et puis, une femme aux commandes de toute cela ! Mon dieu … Et russe en plus …
    Heureusement on lui colle un chaperon. (Pas rouge, hein, c’est elle qui est rouge. Non un chaperon yankee). Caniff semble porter un regard légèrement ironique là-dessus. Peut-être me trompe-je. En tout cas la petite pique envers les hippys, au détour d’une planche, est pince-sans-rire à souhaits.
    Et Canyon là dedans ? Oh, il suit cela de plus ou moins près. C’est lui qui a recruté le chaperon gouailleur et alcoolo.

    Il est fréquent qu’on qualifie tel ou tel album comme s'inscrivant dans la tradition des récits d'aventure réalistes comme ceux de Milton Caniff. Celui-ci est donc une référence « sérieuse », du moins reconnue solide, de la BD d’aventure réaliste.
    Alors que le présent ouvrage, l’air de rien, effrite le mythe. Aucune démonstration argumentée, non. Juste la froide mise en parallèle des extraits textuels et des strips. C’est au lecteur d’y comprendre ce qu’il veut bien y voir. D’aucuns pourraient voir une attaque assez sournois, fourbe contre les strips de Caniff, un coup de griffe pour lacérer Caniff. J’y verrais personnellement plus une prise de recul, un regard ironique. C’est tout de même une compilation à la gloire de Canyon. Le but ne peut être d’émousser l’âme de Caniff.

    Disons qu’il y a la version Caniff, version à la gaudriole.
    Et la version témoignage, version au vitriol.

    Steve Canyon, version gaudriole de l’Histoire ? s’interloque-t-on à ma gauche.
    Non, bien-sûr. Je taquine. Rien de salace, de vraiment girond ou de scabreux. Juste des héroïnes, toujours belles dans l’adversité, belles dans la mort. Toujours bien peignées et bien dépeintes par l’auteur. Un reflet hollywoodien de la réalité, comme Caniff ironisait de lui-même.
    « Patriotisme américain et cadrages extraordinaires comme seul Caniff savait les faire! » ai-je pu lire. Je crois qu’on est vraiment dans cette conception.

    Quoiqu’il en soit, Gilou/Artefact réalise ainsi un album étrange et un tour de force :
    D’un coté, on peut lire 3 aventures de Canyon, dans des histoires pas si naïves que cela, surtout la dernière (de 68, je rappelle). Des histoires qui ne sont pas totalement binaires. Il y a des américains gentils gentils et des viets méchants méchants mais aussi des viets ambigus et des héros occidentaux loin être immaculés.
    De l’autre coté, à la lecture des (authentiques ?) témoignages, les strips paraissent plus surannés, le coté romancé saute aux yeux. En contrepartie, les extraits de témoignage apportent une conception plus délétère du Vietnam, peut-être trop. Milton adoucit le ton dans ses bandes, le but étant bien de rassurer le peuple US.

    L’objectif de cet album est, tout bien considéré, autant de proposer différents medias, différents points de vue sur ce Vietnam que de montrer, démontrer, démonter cette mécanique de strips, d’histoires contemporaines à l’Histoire.
    Et plus encore, de souligner le rôle propagandiste de ce support. Cet album est tout autant un témoignage de la guerre du Vietnam que de la vision que peut en avoir Caniff (qui est un vieux routard …) et de celle qu’il propose à l’Amérique. Il est à parier que nombre d’américains ne connaissaient le Vietnam que par le biais de Caniff et de son Canyon.

    L’album se termine sur un suspense avec un inexorable goût de CIA… Ca tombe bien, le tome suivant se nomme ainsi…
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