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Snoopy
Dessin et scénario : Schulz Charles M.

Albums indépendants, terminé


Volume 1 - 1982

Volume 2 - 1983

Volume 3 - 1983

Volume 4 - 1983

Volume 5 - 1984

Volume 6 - 1984

Volume 7 - 1985

Volume 8 - 1985

Volume 9 - 1986

Volume 10 - 1986

Volume 11 - 1987

Volume 12 - 1987

Volume 13 - 1988

Volume 14 - 1988

Volume 15 - 1988

Volume 16 - 1989

Volume 17 - 1989

Volume 18 - 1990

Volume 19 - 1990

Volume 20 - 1991

Volume 21 - 1992

Volume 22 - 1992

Volume 23 - 1993

Volume 24 - 1994

Volume 25 - 1995

Volume 26 - 1996

Volume 27 - 1997

Volume 28 - 1998

Volume 29 - 1999

Volume 30 - 2000

Volume 31 - 2001

Volume 32 - 2002

Volume 33 - 2002

Volume 34 - 2003

Volume 35 - 2003

Volume 36 - 2004

Volume 37 - 2004

Volume 38 - 2005

Volume 39 - 2006

Volume 40 - 2008

Volume 41 - 2010
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  • Snoopy et le petit monde des Peanuts
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    1 avis


    Mr_Switch
    Voilà quelques temps que je voulais essayer un petit éloge à Snoopy. L’accueil assez mitigé qu’a reçu « Nelson », album de strips francophones, m’y incite.
    Si on cite les séries de strips les plus connus, on retrouve : « Mafalda », « Calvin et Hobbes », « Les Peanuts », « Garfield »… J’y ajouterai personnellement « Hagar Dünor ».

    Y a-t-il des paramètres qu’on retrouve dans toutes ses séries, si on excepte le support strip lui-même ?
    - Le dessin est généralement simple, épuré… La couleur est absente ou assez minime.
    - L’auteur s’impose un cadre sans trop de contraintes, pour les histoires. On doit pouvoir retrouver une particularité à la série mais l’auteur ne doit pas être prisonnier de paramètres excessifs.
    - Enfin le strip est le support de réflexions, de remarques, de philosophies. Le gag pour le gag est assez rare. (Vous pouvez voir ma chronique sur Nelson à ce sujet)

    Revenons à nos « Peanuts » qui sont le titre officiel de la série « Snoopy ». Snoopy à un graphisme épuré. Je me rappelle même qu’au lycée, la bibliothèque contenait deux ouvrages de critiques du dessin minimaliste. Les personnages ont tous le même corps interchangeable (une cacahouète …) et seuls quelques traits, quelques détails les distinguent. Pourtant, il n’y a jamais de problème de reconnaissance. Snoopy est une BD qui, comme Tintin, a eu visiblement droit a un nombre étonnant de livres d’analyse.
    La série rassemble moult types d’histoire, grâce a des contraintes très élastiques. Inutile de dire que la réflexion est plus que présente, la série étant estampillée « intello ».

    La série commence à être publiée en 1950 pour s’arrêter en 2000, à la mort de Schulz. La découpe en album ne correspond qu’à une réalité de nombre de page. Il y a certes une évolution au fil des ans, mais on peut difficilement préférer un album à un autre.
    La collection que nous propose Dargaud est la plus accessible. Elle rassemble des strips quotidiens et des planches du Dimanche, le tout en couleur. Celle-ci n’est pas fondamentale mais elle pourra attirer certains lecteurs. On ne retrouve cependant pas l’intégralité de l’œuvre, les années 50 ayant été sans doute jugées d’intérêt moindre. Des versions intégrales vont bientôt sortir, qui devront rassasier les amateurs les plus éclairés.

    copyright United Feature Syndicate
    copyright United Feature Syndicate Peanuts dans les années 50

    Un strip de Snoopy a une forme qui permet une liberté impressionnante dans sa présentation. Il y a 4 cases qui peuvent être mises horizontalement (le plus courant), en colonne, ou en carré (comme dans les éditions de poches).

    Les protagonistes sont une dizaine d’enfants, un chien, Snoopy, qui prendra la vedette, et plus tard un canari, Woodstock. L'idée générale de la série est de présenter des réflexions adultes dans la bouche des enfants. On peut remarquer d’ailleurs qu’aucun adulte n’est représenté. Les enfants peuvent leur parler, mais on ne verra jamais la réponse directe. Ces « réflexions adultes » ont rapidement gagné Snoopy. Pour moi, c’est à ce moment que le chien est devenu l’axe principal. En effet, il devient une interface entre 2 mondes : Snoopy et les enfants dans un univers réel, Snoopy et Woodstock dans un univers qui oscille entre la douce métaphore et l’utopie dévergondée.

    On peut distinguer différents types d’histoires.
    Les chamailleries des enfants constituent une première source de réflexion. Lucy est l’amie de Charlie Brown qu’elle insulte à longueur de journée. Elle a un frère, Linus, toujours inquiet. Charlie, propriétaire de Snoopy, a une sœur, Sally, qui se croit le centre du monde sans pour autant être prétentieuse. Elle aime Linus (qui vénère Mrs Othmar, sa maîtresse) et embêter Snoopy avec la chasse au lapin. Snoopy est un beagle, race créée pour cette pratique, mais seule Sally semble le savoir. Lucy aime Schroeder qui, lui, ne connaît que son piano.
    En parallèle, on trouve le duo Patty Pastille-de-Menthe et Marcie. La première est l’idiote paresseuse, le non-sens personnifié. La seconde est une intello a lunettes. Elles sont amies ou censées l’être. Leur relation aussi est sournoise, Marcie finissant par appeler Patty « Chef ».
    Il y a aussi Rerun, Pigpen (le pouilleux de service comme son nom l’indique) et Franklin, petit afro-américain sympathique.

    Comment ne pas être névrosé parmi cet imbroglio ? Charlie Brown, looser qui pense néanmoins qu’il réussira un jour, ne déroge pas à la règle. Il ne vit pas carpe diem mais « ne craint qu'un jour à la fois". Sally va apprendre qu’elle n’est pas le centre du monde et manque de tomber dans un abîme de perplexité. Linus a fini par traîner sa fameuse couverture. Un de ses chocs sera d’apprendre que Mrs Othmar est PAYEE pour lui faire cours. Elle refuse cet argent, c’est sur ! Elle est si parfaite ! Lucy va s’improviser « aide psychologique » pour ses amis, avec des moyens et des résultats peu orthodoxes… Ce ne sont que quelques exemples (et interprétations) parmi des milliers.

    Que les enfants se disputent, qu’ils discutent, qu’ils jouent au football, cela aboutit toujours à une conclusion poétique ou grinçante. La conclusion peut venir après plusieurs strips, après un running gag selon le terme consacré. La réflexion peut être métaphysique, d’une portée philosophique assez poussée.
    Lucy envoie des cartes de Noël avec un lapin habillé en pasteur, elle riposte en déclarant « Ne me dis pas qu’elles manquent de religion ». Ce n’est pas drôle mais on peut se dire « l’habit ne fait pas le moine ». A l’heure actuelle, ça renverrait aux signes ostensibles de religion. Un lapin sapé en pasteur, c’est ridicule mais pour Lucy, c’est religieux. Un bandana, ce n’est presque rien mais pour untel … D’aucuns iront plus loin, le lapin représente Easter, la déesse lapine anglo-saxonne qui a donnée son nom a Pâques là-bas …
    A ce niveau, on doit prendre garde, Schulz amorce la réflexion mais celle-ci reste personnelle. Ce n’est pas La Vérité. L’autre risque tient dans la traduction. Même si celle-ci reste globalement fidèle, il y a toujours des variantes qui biaisent les hypothèses originales.

    Le ton peut être ironique, cynique parfois (ne dit-on pas parfois que le cynisme est une forme avancée de l’humour). Snoopy, qui dort à son habitude sur le toit de sa niche, devient l’archétype de l’Américain avachi pour Linus.
    Quand Linus rapporte que son grand-père est trop vieux pour un tournoi de vétéran, Charlie Brown regarde le lecteur (ou dans le vide, sait-on …) pour le prendre en témoin d’une ineptie sans doute réelle, qui va plus loin qu’un gag sur l’absurde.

    Schulz ne veut pas faire rire aux éclats, c’est un regard poétique qui le guide. Parfois celui-ci se défait de tout message : L’automne. La poésie de l’automne. Une feuille tombe. Au sol, la chute se fait entendre par une note mélodieuse de musique.

    Le plus couramment, le message est une petite pensée marrante. Il pleut, Snoopy veut s’abriter sous le parapluie de Lucy. «Eloigne-toi de moi, hypocrite. Tu fais semblant de m’aimer parce que j’ai un parapluie ! » « Même les hypocrites détestent être mouillés ! » Ce genre de paradoxe me fait rire réellement rire. Snoopy est d’ailleurs une des rares séries qui m’ont fait éclater de rire (notez le paradoxe avec la prétention de Schulz).
    Chaque pensée est généralement caractéristique du personnage. La nombriliste Sally snobée par Lucy : « Les gens détestent les chats… Les gens détestent les gens qui ont des chats… et les gens détestent particulièrement les gens aux cheveux bouclant naturellement qui ont des chats ! »

    copyright United Feature Syndicate Une petite pensée typique de SnoopY

    Ces enfants philosophent en adultes, mais leur comportement reste infantile. Lucy écrase les microbes de Linus en sautant dessus. Le strip en lui-même est amusant. Quelques jours plus tard, elle réitère avec Pigpen. Mais cette fois, la conclusion est percutante. « Tu penses qu’il est bon pour tes malades de s’allonger ainsi sur le trottoir ? » « Pas plus mauvais que de rester assis dans une salle de consultations mal chauffée d’un docteur pendant 40 min (…)» C’est désarmant de vérité.

    Quand Charlie s’étonne que personne ne raille Linus avec sa couverture, celui-ci lui fait une démonstration de self-défense à la couverture. De tout l’ouest, Linus est celui qui dégaine sa couverture le plus vite. La parodie n’est pas loin.

    Cependant, Snoopy a vite pris la vedette dans la série, et avec lui, on plonge dans l’utopie exacerbée. Il y a 2 mondes, disais-je. Quand Snoopy côtoie les gamins, il a un comportement original mais il reste généralement a l’état canin (enfin, tout est relatif, casque de foot, panneau revendicatif… restent son apanage).
    Quand il affronte le chat (qu’on ne voit jamais) dans les aventures animalières, il répond au grand schème du conflit chien/chat.
    Mais quand Snoopy est seul, il devient espion ou encore aviateur. Sa schizophrénie du Baron Rouge, est un acte fondateur de ce pendant de la série
    Certains gags sont a cheval entre les 2 mondes, Snoopy écrivain fait lire ses écrits a Charlie, mais a bien du souci avec son secrétaire Woodstock.
    Woodstock va même prendre la vedette pendant une grande période, Snoopy étant un commentateur des infortunes de son ami. C’est quand même le canari le plus bête du monde, dont la technique de vol est très particulière. Pourtant, ce canari est assez émouvant. Dès son apparition réelle (fin des années 60), certains aficionados l’ont dénoncé. Ils aimaient moins les gags Woodstockiens, où le gag est certes plus en premier plan. Quand Snoopy et lui patinent sur la glace, il polit sa patinoire avec un sachet de thé, tel un professionnel. Le gag est très bon, il est d’une certaine poésie, qui plus est. Toutefois, quand la glace rompt et que le canari manque se noyer, Snoopy le sauve. C’est l’occasion de sortir un classique mais indispensable hymne a la fraternité, à l’amitié.
    Ce qui est le plus admirable, c’est son langage qui se résume à des |||||||||||||||||||||||| et des « sigh ». Cela reste limité, et pourtant, cela dit délicieusement tout. Les |||| représentent admirablement le piaillement du volatile, avec une savoureuse connotation de ver de terre.
    Les aventures utopiques de Snoopy se sont particulièrement développés dans les planches dominicales : il y a plus de place pour une « aventure » réelle

    Schulz n’est pas forcément très original, disons qu’il transcende le banal, qu’il repousse le classique dans un paroxysme de poésie

    Il reste enfin un aspect méconnu car rare dans le flot de ces strips. C’est le gag détournant les codes graphiques de la bd, des écrits. Schroeder joue du piano. La partition se déroule progressivement dans une bulle. La progression de la partition expulse Snoopy de dessus le piano. Voilà une preuve que la musique est une force, avec une démonstration qui n’est possible qu’en BD.
    Autre exemple, Snoopy dort. La bulle avec un beau Z le montre. Woodstock volète. Il finit par voler à travers la bulle et la coupe en 2. Snoopy finit par se réveiller, il a mal dormi, on lui a coupé son sommeil.
    Cela ne fait que prouver une fois de plus que l’auteur de strip peut se permettre toutes les fantaisies.

    La série a d’autres particularités : le graphisme est certes dépouillé, mais cela va plus loin. De nombreuses choses restent hors de notre vue : Les adultes, le chat, la petite fille rousse chérie de Charlie… Les personnages en parlent, mais on ne les voit jamais. Les enfants parlent à Mrs Othmar mais ses réponses ne nous sont données qu’indirectement de la bouche des élèves. A l’inverse, Schroeder est toujours représenté avec son piano…
    copyright Dargaud strip tiré de "Imbattable Snoopy"

    Il y a, qui plus est, plusieurs niveaux de lectures d’un strip. C’est sans doute une autre clé de la réussite de la série. Il y a les fans des strips proprement, il y a des fans du chien Snoopy et de Woodstock, occultant le reste de la troupe, et enfin, il y a les consommateurs de tout le merchandising estampillé Snoopy. Produits dérivés qui ont finit par étouffer le reste. Calvin et Hobbes ont interdit le business autour de leur image, un peu pour cette raison. (Même si chacun sait qu’il existe des T-shirt, par exemple, avec Calvin grimaçant. Le gamin s’appelle seulement autrement). Produits dérivés souvent très sympathiques mais qui n’ont que peu de rapport avec le contenu des strips. Il en ressort que la série a une image en même temps de série intello et de gribouillis pour enfant… Encore un paradoxe que Snoopy a le luxe de s’offrir.

    Je dis, pour « Nelson », que le recueil de strips ne fait qu’accentuer les faiblesses de la série. Avec « Peanuts », ce même recueil trouve une place déjà plus réjouissante. On peut suivre un délire de Snoopy sur la longueur (je pense à la période Snoopy écrivain), une configuration sur la longueur (Snoopy et le sandwich). Certains strips n’ont de saveur que sur la longueur, l’album est alors un support optimal.
    A ce titre, les recueils de poche ont un avantage. Ils peuvent être facilement transportés. On peut le lire n’importe où. Cette série n’est pas un chef-d’œuvre fragile qui doit être protégé par 1 cm de couverture carton. Elle n’a pas peur de vivre.
    Pendant 50 ans, Schulz a fait du Peanuts, c’est une série qui a du vécu. L’objectif de départ est différent du résultat final. Les personnages de départ ont rapidement disparu au profit de ceux qu’on connaît. Le dessin d’origine était moins schématique. Sally est apparue bébé et elle grandit.
    Charlie va organiser une boum chez lui dans les années 90. On est bien loin de la ligne éditoriale des années 60.
    Le 18 May 1969, Charlie Brown et Snoopy accompagnent les astronautes dans l’espace a bord d’Apollo X. Quinze ans auparavant, l’auteur n’aurait pas réalisé ce gag, car les temps étaient autres et la série encore naissante n’avait pas encore atteint le niveau de liberté intégrale.

    Si Calvin et Hobbes partent en fusée, ce sera sous couvert du rêve. Alors que Les Peanuts peuvent TOUT se permettre car ils ont tellement vécu qu’ils ont surpassé leur postulat de base. Alors que Calvin vit toujours sur son idée fondatrice qui ne peut pas être surpassée sans discrédit. (d’où l’arrêt de la série par Bill Watterson)

    Pour conclure, vous avez dû entendre parler du journal « Linus » (des le milieu des années 60). Peut –être pas. Et Charlie Hebdo ? Oui ? Bon, et savez que son ancêtre était mensuel ? Bien. La première mouture du journal a diffusé un célèbre strip….
    Linus et Charlie ont bien donné leurs noms à 2 journaux européens. Vous avez encore un doute sur le plébiscite pour cette série ?
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