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 | Un chant de Noël - Une histoire de fantômes |
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  rohagus
   | Enième adaptation du conte de Dickens que je vois ou lis, celle-ci se démarque par trois points essentiels.
Le premier est le dessin de Munuera qui est toujours très bon et qui réussit ici à éviter ses petits tics de personnages trop dynamiques. Il adopte le même style que dans Bartleby, le scribe ou dans Peter Pan de Kensington à savoir des personnages très expressifs et proches de l'animation posés sur des décors plus réalistes mais très brumeux. C'est une belle esthétique et il n'y a vraiment aucun reproche à faire sur le plan technique et de la beauté du trait. Je note en particulier la justesse des expressions de Scrooge, notamment pour faire transparaitre une once de doute sous sa carapace de certitude. Mais il en ressort tout de même à mes yeux une impression de manque de profondeur, comme des décors plats de théâtre et un rendu légèrement claustrophobique.
Le second point est le choix d'avoir fait de Scrooge une femme. Si sur le fond humaniste, je comprends parfaitement que la psychologie d'un genre ou d'un autre puisse être la même dans le cas de cette histoire, c'est plus l'incongruité historique qui m'a troublé, celle de voir une femme tenir le rôle d'une riche financière solitaire et détestée de tous dans une Angleterre victorienne qui, dans la réalité, n'aurait jamais toléré ça. En outre, Munuera la représente comme une femme relativement jeune, plutôt belle et très élégante, ce qui se démarque trop du personnage de vieux bougon du Ebenezer Scrooge auquel je suis habitué. Ce choix permet toutefois à l'auteur d'introduire quelques sujets de réflexion supplémentaires à ceux de Dickens, notamment sur la place des femmes et de ce que la société attend d'elle.
Et enfin, dernier point, Munuera a fait le choix d'un développement de personnage et du conte en lui-même sensiblement différent. Là où le Scrooge de Dickens réalise peu à peu ses erreurs et change par la force du remord et de la leçon apportée par les spectres, celle de Munuera reste sur ses positions jusqu'au bout et c'est par défi envers Dieu et ses spectres qu'elle va finalement agir pour le Bien. L'esprit du conte est déformé vers quelque chose de différent, pas forcément plus bête mais juste un peu surprenant. Je n'ai toutefois pas bien ressenti la montée en puissance vers le point de changement, ce qui a finalement amené Scrooge à décider de changer radicalement de façon d'agir, sans changer de façon de penser. Entre la fin de la visite du troisième spectre et l'épilogue de l'histoire, il y a comme une rupture que les pages précédentes du récit n'explique pas aussi bien que dans le conte original.
Outre son très bon graphisme, Munuera apporte donc sa propre touche au conte de Dickens, ce qui est heureux car une simple redite du conte trop connu m'aurait ennuyé et ce qui introduit des changements pas bêtes, amenant leurs propres sujets de réflexion, même si certains éléments m'ont un peu troublé et pas entièrement convaincu. |
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