Il s'agit, pour cette publication illustrée des Chants de Maldoror, de venir rôder une fois de plus autour d'un texte qui, depuis toujours, m'échappe; l'enthousiasme qu'il a su procurer chez les auteurs que j'aime le plus (Blanchot, Bataille ou Deleuze) est une source de surprise et d'incompréhension : qu'ont-ils vu là-bas qui me soit à ce point invisible?
Alors, peut-être, le dessin comme espace de prospection me permettra-t-il de toucher à cette zone de jouissance que la lecture ne m'a jamais offerte jusqu'ici.
J'ai décidé de rejeter d'emblée toute illustration littérale pour tenter de retrouver, à travers le dessin, ce que je pourrais définir comme une sorte de "méthode" Lautréamont, une façon débridée de sillonner l'espace de l'écriture (pour moi ce sera "le dessin comme monde") et le temps du récit (pour moi ce sera "le temps technique" comme pli d'un récit silencieux), une forme de liberté vertigineuse au pied de la lettre: une ouverture infinie "qui fait tourner la tête".