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© Marsu Productions

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Baby Prinz
ScénarioYann
DessinBatem
CouleursStudio Cerise
Année1990
EditeurMarsu Productions
SérieMarsupilami, tome 5
autres tomes... 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 ...
Bullenote [détail]

 

1 avis

Mr_Switch
L’Animal-Lecteur… Voilà un autre curieux spécimen zoologique. Tant étudié, tant disséqué mais si mal connu et tellement ingrat envers celui qui le nourrit, l’Editeur. Mille fois, on a voulu dresser cette Bête, l’éduquer, se l’apprivoiser. Ce n’est pas un N.A.C mais bien une bestiole d’apparat. L’Animal-Lecteur est convoité. Chaque Editeur est si fier de son cheptel. Chaque troupeau ne se mélange pas avec celui du voisin sans mon accord, l’Editeur a fait ce postulat empirique. Pour l’Editeur, l’Animal-Lecteur est Fidèle. Et cetera, et cetera. Nous pourrions passer des années à méditer sur l’éthologie cet Animal.

« Baby Prinz »... un album source de dilemme. Il canalise chez moi un tel sentiment de perplexité rémanent : dois-je continuer à exécrer cet épisode ou dois-je le reconnaître à une plus juste valeur ?

Etonnante éthologie. Tout Animal-Lecteur a ses lectures de jeunesse. Celles qu’il a tant aimées et qu’il redécouvre toujours avec les mêmes yeux à l’âge adulte. Ou bien celles qui se révèlent finalement sous un aspect moins enchanteur mais c’est-pas-grave-pasque-quand-j’étais-petit-j’adorais-alors-je-décide-que-j’adore-toujours-et-pis-c’est-tout.
Oh, bien sûr, parfois cet Animal renie publiquement ses primes lectures réjouissantes. Il n’empêche que le Lecteur considèrera généralement comme normal de surestimer ses premières gorgées de livres.
Du cas inverse, on parle moins. De la possible rédemption du livre haï, on fait peu d’état.

Et bien moi. Voilà, cet album, ce livre (cette bande dessinée qui plus est, vous vous rendez compte ?), ce truc, ce machin, et bien je l’avais en grippe étant jeune. Je ne l’aimais pas, il me débecquetait. Je le trouvais nauséabond. Enfin, je pourrais faire longtemps dans l’ornithologie.
Attention. Après l’époque Yann, il y aura des albums nuls, ridicules, etc. Mais pour moi, celui-là allait, va, au-delà de tout ça. Cet épisode était malsain, puant.
Puant, c’est le cas de le dire… si l’on prend acte d’un des running-gags du scénario. Baby Prinz est le rejeton du feu dictateur de Palombie. Baby est l’Aiglon de la Palombie, maintenant. Un dictatorillon de pacotille, précieux et qui a peur de l’odeur de ses sujets. Un minable qui rêve de rencontrer Mickey plutôt que le général Alcazar, en quelque sorte.

Ce racisme latent envers les sud-américains, à travers la populace soi-disant puante, révolutionnaire et fainéante, à travers leur précieux chef ou à travers ce conseiller pansu, véritable tête pensante du pays, furent longtemps l’objet ma répugnance pour cet album.
Quand j’ai découvert que ce Baby Prinz était une caricature du chanteur Prince, mâtiné d’un Mickael Jackson, ça n’a rien arrangé.
J’ai commencé à écrire ces quelques lignes vers 2008, et aujourd’hui en 2010, je ne sais toujours pas si mon dégoût était une tartufferie inconsciente. Je ne sais pas si je dois parler au passé ou au présent. Je ne sais pas si ce livre reste toujours aussi honni pour moi ou non.
Je sais que durant… 10 ans dirons-nous, j’associais le nom de Yann à cet humour gras et rance qui me fait froid dans le dos. Avec cet album, j’ai longtemps considéré Yann comme un parangon de beaufitude. A tel point que j’occultais totalement le fait qu’il puisse être le scénariste du fabuleux « Pollen du Monte Urticando », tome précédant « Baby Prinz ». Je tiens le « Pollen » pour le paroxysme de la série, et « Baby Prinz » pour sa totale déchéance.
Avec le temps, ma vision de ce tome 5 comme la déliquescence ultime de la série aurait du s’estomper. Avec le recul, je devrais être plus tolérant, y voir un album faible plus qu’une quintessence du mauvais goût.
Or, instinctivement, je n’y arrive pas.

Il m’a fallu attendre les années 2000 avant de passer outre ce ressentiment envers Yann. Des échanges avec quelques aficionados de l’énergumène, et notamment au sujet de ses hauts de page, m’avaient donné plus de considération pour l’individu. « Voyons, il aime choquer, son discours est du second degré ! » Las, les amateurs sus-évoqués ont bien souvent perdu leur dévotion pour Yann entre temps. Quant à moi, par un effet de répercussion, je ne sais pas, à nouveau, ce que Yann m’inspire.

Posément, un vrai cas de conscience vient poindre son tarin, au sujet de cette masse sud-américaine représentée laborieusement sale et d’une fainéantise crasse. Le grand André, ce petit Franquin, lors du diptyque du Z nous montre les mêmes palombiens, que Zorglub hypnotise pour qu’ils achètent savon et dentifrice. Notre mégalo préféré pense faire ici oeuvre de salubrité publique. Franquin ne dément pas vraiment la chose. On pourrait attribuer le message au seul Greg, co-scénariste, mais ça serait ramener Franquin à un rôle de pantin. Pourquoi la pilule passerait avec Franquin et Greg, et pas avec Yann ?
J’ai ma petite idée, malheureusement, elle n’excuse personne…

Tout n’est pas qu’émanation corporelle… Quel est donc le sujet de cet album, son vrai thème, me demanderez-vous ?
Après le tome 4 qui était « la jeunesse des marsupilamis », nous avons logiquement le pendant : la « vieillesse des marsupilamis » ! Ça fait un peu cliché et vous pensez que je me moque de vous. Point du tout. Yann a bel et bien voulu s’amuser de lieu commun scénaristique en le mettant réellement en oeuvre. Malheureusement, ce n’est pas très réussi. D’abord, il introduit un nouveau marsupilami, grabataire. Personnage assez encombrant pour la suite de la série, d’autant que le scénariste ne le fait pas mourir, bien au contraire. Personnage (admirez mon semi-lapsus) qui n’apparaît mystérieusement plus dès le tome suivant (La disparition du Marsu Noir est plus naturelle que celle de ce Papy Marsu, en tout cas). Personnage problématique rétrospectivement : il croupissait dans un zoo de Chiquito, ce qui signifie que le Marsupilami est connu des habitants, qu’il a déjà été capturé durablement (douloureux héritage). Bref, s’il reste un animal rare, il ne peut plus être ce légendaire animal méconnu, véritable entité déique pour les palombiens.
Yann casse donc son joujou, mais double son intrigue d’une sempiternelle révolution latino-américaine, comme vous l’aviez peut-être compris.
« Le Pollen » avait une intrigue d’apparence simpliste et cela fonctionnait au-delà du modeste divertissement. « Baby » multiplie les intrigues vainement.

Je vous rassure, Batem est aussi de la noce. Avant même de lire cet épisode, j’avais une relation particulière avec son objet-livre : je voulais l’intégrer à ma collection mais j’ai retardé son acquisition. Je trouvais la couverture laide. Plutôt, le marsupilami de la couverture était laid, monstrueux, disproportionné et j’en passe. Dans une aventure ultérieure, Batem raillera la façon de dessiner le marsu. Pourtant, sur cette couverture, son marsupilami ressemble justement aux dessins ratés exprès par la suite. Je le trouvais raté, raté, raté. Effrayant même. Je dois dire qu’il ne me choque plus trop ce dessin, maintenant. Cependant, j’ai longtemps soutenu que Batem soignait plus ses produits dérivés que ses albums. Si aujourd’hui, je ne soutiens plus une telle affirmation… c’est tout simplement que j’ai décroché de la série depuis un petit moment. M’en fous un peu man’nant, quoi…

Le Marsu et les produits dérivés. Vaste terrain de réflexion où j’ai cru voir des échos dans « Baby Prinz » :
Il y a les jouets ou gadgets marsupilamiques dans la chambre de Baby Prinz qui sont discrètement mais indéniablement ironiques. Je n’ai pas approfondi la question après une réflexion du genre :
- « Ah tiens, des gardes de la sécurité sont en tenues de Marsu. Serait-ce une petite pique humoristique envers les produits dérivés Marsu ? »
- « Ahah, non, on dirait plutôt le Marsu très anthropomorphique d’albums plus récents ».
Et me voilà en train de taper à nouveau sur Batem alors que… Misère…

Aaaah, les humains.
C’est là qu’il y a une charnière pour moi. Le tome 4 ne fait intervenir aucun humain. Les héros sont les petits Marsu. C’est une histoire de Marsupilami. La seule véritable de la série.
Dès le tome 5, on passe à des histoires d’humains où le marsupilami intervient de manière plus ou moins logique, agissant dans l’intrigue ou ne faisant que de la figuration. Et l’on passe à une série qui hésite entre l’humour (on aura le droit à des tomes de gags en une page), le fan service (la série recyclera des scénarios de la série télé), le quasi-plagiat (le marsu deviendra copain avec 2 journalistes pour quelques tomes).
Soyons honnête, après Baby Prinz, Yann fera quelques scénarios eux aussi, honnêtes. Son dernier scénario, celui du tome 9, « le Papillon des Cimes », s’inspire d’une expédition apparemment abracadabrante mais pourtant bien réelle. Dès le tome 10, il n’est plus responsable du naufrage.

Hypothétisons, hypothétisons ! (Serez-vous capable de le lire ça à haute voix !?)
Peut-être qu’avec le tome 4, Yann avait fait l’histoire ultime - plus un humain, une véritable histoire de marsupilamis - mais qu’en même temps il tuait la série, difficile de passer en qualité derrière ce tome 4.
Peut-être que Yann a cassé le joujou dès le tome 4 pour nous en procurer toute la substantifique moelle et que pour le tome 5, nous n’avions déjà plus que les escarbilles.

J’évoquais les révolutions latines. A ce sujet, l’allusion à la révolution roumaine ne m’avait pas échappé, même plus jeune. Des journaux télévisés de mon enfance, concernant la Révolution roumaine de 1989, je ne me souviens que des drapeaux roumains troués qu’arborait la liesse des manifestants. Par un curieux hasard, le drapeau palombien est bien proche du roumain et subira le même sort de perforation.
Vous me direz, les Roms, comme ici les Palombiens, sont vus comme des malpropres en ce moment… Et Yann était donc un sacré visionnaire dès 1990.

Et voici bien l’ingratitude de l’Animal-Lecteur que je suis. Je trouve des idées, des références à cet album. Je lui trouve des circonstances atténuantes. Je conclus même en disant que Yann était visionnaire dès 1990. Et malgré tout, cet épisode reste le plus mauvais à mes yeux.
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