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Akira
Dossier réalisé par hoody
2ème Partie : Relecture.
Pour ceux qui ne l’ont pas lu, attention, ça peut vous intéresser mais il y a quelques éléments importants de l’histoire qu’il serait dommage de ne pas découvrir par vous même. Ne lisez que les titres et le dernier chapitre.


Les Thèmes d’Akira
Quelques axes de lecture ou de relecture, ils sont légion et dépassent largement la volonté de l’auteur. J’ai sélectionné ceux qui me paraissent les plus fondamentaux et les plus intéressants.

  • Sur-urbanisation et scientisme: les 2 dangers de notre futur
    Dans Akira, la ville est à perte de vue, même détruite. Elle est oppressante mais fait véritablement partie intégrante de ceux qui y vivent. La surpopulation n’est pas un problème, c’est une réalité quotidienne. La ville dans Akira est la seule horizon : sombre, froide, désenchantée, portant les stigmates des folies des hommes. Le Futur fait horriblement penser au présent (émeutes, pillards, corruption, délabrement, autorité violente) et on a du mal à ne pas suivre Otomo quand il affirme que rien ne changera.
    La Science est la seule optique de progrès sous ce ciel vide, au milieu du béton, et c’est un piège. La science n’améliore pas le sort de ces jeunes délinquants misérables et désespérés. Elle construit de fantastiques outils pour le maintien de l’ordre (les inquiétantes « boules » anti-émeutes), des armes de destruction massive (les satellites de guerre), et, puisque Dieu n’existe pas, joue à sa place avec l’esprit des hommes. Dans Akira, la science ne résiste pas à l’apocalypse, elle ne s’illustre que dans la destruction. Les Scientifiques ont une éthique douteuse (le Professeur en tête) et échouent, mourrant de la main de leurs propres créations (mutants ou satellites de guerre).
    Dans Akira, la nature reprend ses droits, les eaux envahissent ces rues sans arbres, les immeubles immenses sont engloutis. C’est une véritable mise en garde d’Otomo (on peut le craindre assez prémonitoire) et une crainte presque traditionnelle au Japon où l’urbanisme à atteint des sommets à peine imaginables en Europe.

  • L’enfance et ce pouvoir en chacun de nous:
    C’est le message d’espoir d’Otomo. L’Avenir repose sur les enfants (et les ados), ils ont une sagesse mal exploitée (imagée par les visages anachroniques des mutants). Chacun d’eux a un grand pouvoir (que la BD concrétise par celui des mutants pour en parler). C’est en fait un thème très classique de la culture japonaise et une obsession dans l’œuvre d’Otomo. Les Enfants sont les seules à survivre à l’apocalypse, les adultes sont brisés (alcooliques, boiteux, cyniques). Les seuls autres détenteurs d’espoirs sont les vieillards avec leurs expériences (Lady Miyako, le prêtre Karma Tangi), les mutants et leurs visages de vieux forment le pont entre ces deux générations. Le mutant l’Oiseau le symbolise : il voit tout.
    Ce pouvoir est incompris par la science et non exploité par la société, une simple tentation pour des militaires. Néo-Tokyo a oublié ses enfants, oublié leur pouvoir. Elle sera rasée pour n’être plus gouvernée que par eux! Et Otomo conclut simplement : Ce pouvoir est plus fort que tout. Il abat les constructions les plus improbables des hommes (Neo-Tokyo, nouvelle Babel), repousse les armées les plus puissantes (celle des USA), il est plus fort que ce monde matériel (même les astres !).

  • Destruction et renaissance:
    La Destruction est le principal moyen d’expression des personnages d’Akira. Tetsuo ne s’affirme que par l’explosion de ceux qui lui barre la route même l’espace d’un court instant. Kaneda et Kay ne tentent de sauver leur univers que par la mort de Tetsuo. La moindre manifestation d’une conscience chez Akira abat des immeubles de 80 étages. Ce Culte de la destruction est très lié, je pense, à la l’état d’esprit adolescent de l’ensemble de l’œuvre.
    Il est aussi intimement associé à l’idée de renaissance. Autre notion orientale très fondamentale, le cycle est omniprésent dans Akira. La destruction de Neo-Tokyo par Akira est immédiatement suivie par sa reconstruction depuis ses cendres (même si maladroite). Comme l’explique le speech final de Miyako, la série entière n’est qu’un cycle. Dans l’épilogue, un monde nouveau est né, c’est le message de Kaneda et Kay (sorte d’Adam et d’Eve de ces ruines). Dans la même lignée, la mort est liée à la transmission, Lady Miyako se sacrifie naturellement après avoir transmis son savoir, on peut aussi l’avancer pour le Professeur, d’une certaine manière.

  • La Tourmente de l’adolescence:
    Akira est avant tout un manga ciblé pour les ados. Je n’ai jamais connu une meilleure évocation de cette période difficile et destructrice qui aboutit à une renaissance.
    Le Destin du monde se résume à l’affrontement de deux ados.
    Kaneda illustre le rêve de tous les gamins, un jeune rebelle indépendant et courageux, principal acteur de la renaissance d’un monde que l’on hait. D’ailleurs toute la BD est pétrie de ces rêves d’ados : des femmes, des motos et de l’indépendance (Easy Rider !). Otomo nous indique aussi qu’il subit en fait cette mutation (scène d’apocalypse, et scène de fin).
    Tetsuo illustre nos pulsions à cet age : violent, hystérique, jaloux, si triste et seul par moments. Son complexe est le notre, son pouvoir grandit trop vite pour son petit corps (qui ne trouve comme refuge qu’un retour à l’état de monstrueux bébé). La Drogue est son seul échappatoire, s’il lâche cette béquille, il ne contrôle plus la situation. Sa complexité est la notre, dans cette période folle : Entre destruction et création, notre véritable obsession est la reconnaissance des autres, un besoin fou d’être acclamé. Tetsuo peut tout détruire (même une amitié, même tuer) pour être aimé et admiré.
    L’Adolescence est aussi la mutation du corps. Illustrée par les monstrueuses transformations de Tetsuo, dans un futur où Otomo évoque la fusion avec la machine (le bras artificiel de Tetsuo) non sans heurts. Cette transformation est dénaturée par la science (expérience des scientifiques sur des enfants).
    L’Adolescence est aussi une renaissance, après tous ces drames et tous ces morts, Kaneda et Kay ressortent grandis, homme et femme. Comme la plupart des mangas, Akira est initiatique.



  • Le Japon et sa crise identitaire:
    Bien qu’universel, le malaise des personnages d’Akira est surtout celui d’une jeunesse bien spécifique (les ados japonais) qui reflète celui de tout un pays. Ils sont jeunes et déjà pris par ce monde qui les étouffe, sans passé, sans culture, des références qui se résument à des stickers de marques occidentales sur une moto. Leur échec scolaire amorce leur perte de contrôle sur leur univers.
    Le Japon d’Otomo est perdu entre un Etat corrompu et autoritaire, loin de son peuple, complètement dépassé par les événements, et une jeunesse désœuvrée. Dans un dernier sursaut de fierté très nipponne, il repousse l’envahisseur occidental (même bienveillant : l’humanitaire). Ce Pays isolationniste veut tourner le dos à un monde qui l’écrase pour ne se concentrer que sur ses enfants. De l’aveu de son auteur la série est un véritable manifeste de toute une génération de Japonais.
    Et comment ne pas évoquer Hiroshima, le traumatisme de tout un pays que transpire l'ensemble de l'oeuvre. Une sorte d'obsession masochiste pour ce qui a fait plier le Japon des fiers samourais. Ainsi, Akira est parsemé d'explosions gargantuesques qui balaient les immeubles sur plusieurs hectares. Mais plus que cela, c'est surtout l'horreur du chaos post-nucléaire qui est évoqué et on sent la une blessure qui n'a pas cicatrisée.
    La Guerre Mondiale dans son ensemble a marqué l'esprit des Japonais: les Américains sont craints et menacent d'envahir le territoire. Otomo va meme juqu'à imaginer une 3ème Guerre Mondiale en introduction à l'histoire dont l'idée domine la série.

  • La Violence:
    Comme beaucoup de manga, Akira est violent, très violent. Mais cette violence est très liée à sa thématique de la destruction. Les boyaux volent face à la rage de vivre de Tetsuo, les habitants de Neo-Tokyo détruite tuent pour survivre. La violence est liée à toute cette rage des personnages d’Akira.
    Cependant, il faut bien avouer que cette violence reste très adolescente, folle : un homme perd un œil par un coup de massue et un autre survit à une roquette l’espace d’un gag un peu crétin. Akira n’évite pas la gratuité et une certaine complaisance (la mort de Miyako est assez abominable).
    Malheureusement les lecteurs d’aujourd’hui ne seront pas plus choqués que ça à la vue des sorties actuelles et, au final, je trouve que l’intérêt de la série lui survit largement.

  • Epilogue: Akira, la source
    En fait la lecture d'Akira est quasi culturelle. Ouvrez n'importe quel manga réalisé après Akira et comparez les thématiques, le look des personnages, le design général, la mise en page, les cadrages... y'a pas photo. Faites maintenant de même avec de la SF ou de l'anticipation de n'importe quelle pays...
    Hé oui, Otomo a marqué la BD, comme Hergé, Moebius ou Spiegelman. (Il revendique d'ailleurs s'être beaucoup inspiré de Moebius, il reprend ces pistes de cinématographie et de liberté de cadrage et les pousse plus loin). Akira est une des marches de l'histoire de la BD, à la lumière de sa lecture, l'étude des oeuvres postérieures est délectable.
    Ou alors c'est moi qui suis fou? Je vois du Akira partout? Faites l'expérience et venez me blamer!



Images Copyright © Otomo - Glénat

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