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Cent mille journées de prière
Dessin : Sterckeman Michaël
Scénario : Phang Loo Hui

Albums indépendants, en cours


Volume 1 - 2011

Volume 2 - 2012

 

1 avis


Rohagus
J'ai lu cette série sans même savoir son sujet. Je l'ai prise tout d'abord pour ce qu'elle me présentait seulement : le récit d'un enfant dans les années 1980 qui vit seul avec sa mère, lui étant eurasien et elle uniquement caucasienne, et s'interrogeant sur son père absent. J'ai trouvé cette longue introduction touchante car elle reflétait bien pour moi l'ambiance de ces années 1980 quand j'étais moi-même enfant, tout en présentant avec justesse les questions qu'on peut se poser à cet âge là et les réactions faites de tristesse et de colère qu'on peut ressentir face à un sentiment d'injustice touchant à son être intime. En cela, j'ai trouvé intéressant cette relation de haine et de rapprochement avec l'enfant plus âgé qui harcèle un peu le héros avant de révéler qu'ils sont bien plus proches qu'ils ne le pensaient. Puis quand j'ai constaté que la mère du héros parlait khmer au téléphone (merci Google Lens), j'ai compris que la clé du mystère de l'absence du père se trouvait dans le génocide cambodgien mais aussi que cela allait être pour le héros et le lecteur une nouvelle quête de vérité pour savoir si ce père était un héros, un traitre ou un simple homme du commun, et comprendre pourquoi sa mère repousse tant le moment où elle acceptera enfin de parler de lui à son fils. Autant le premier tome reste purement dans un décor français et le flou complet sur ce qu'il a pu se passer, autant le second rentre plus clairement dans le dévoilement du génocide perpétré par les Khmers rouges au Cambodge et ses répercussions jusqu’en France. A travers les non-dits et le racisme ordinaire auquel il est confronté. Loo Hui Phang aborde ce thème à hauteur humaine, mêlant la grande Histoire et l’intime, et parsème son récit de métaphores visuelles fortes, comme l’oiseau messager des morts ou le trou dans le sol qui symbolisent ce qui ronge le personnage.

La narration, à la fois initiatique, historique et introspective, progresse patiemment, alternant poésie et réalisme. Le second tome, plus ancré dans la tragédie cambodgienne, gagne en intensité émotionnelle et en clarté narrative, avec des moments d’une grande puissance, parfois bouleversants. L’écriture est sensible et nuancée, et le ton évite autant la froideur documentaire que l’austérité militante.
Graphiquement, les trouvailles visuelles marquent, mais je note quelques limites : un trait parfois trop simple, des personnages manquant d’expressivité dans le premier tome ou, au contraire, se ressemblant trop dans le second, ce qui peut nuire à la lisibilité. Certaines planches m’ont semblé moins abouties, comme si elles avaient été finalisées dans l’urgence.
Malgré ces réserves, c’est un diptyque fort et touchant, qui mêle mémoire, quête identitaire et drame historique avec intelligence. Une œuvre que je relirai volontiers, une fois le temps passé, pour replonger dans cette histoire à la fois personnelle et universelle.
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