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Ikkyu
Dessin et scénario : Sakaguchi Hisashi

Rééditée par Vent d'Ouest en 6 volumes (contenant respectivement les chapitres 1, 2, 3 / 4, 5, 6, 7 / 8, 9, 10, 11, 12 / 13, 14, 15, 16, 17 / ... / ... )

Ikkyu, terminé


Volume 1 - 1996

Volume 2 - 1996

Volume 3 - 1997

Volume 4 - 1997

 

4 avis


malo
Alors qu'il travaillait au studio mushi prod' (les célèbres studio d'Osamu Tezuka) Hisashi Sakaguchi s'était persuadé qu'il ne parviendrait jamais à égaler le maître de la manga. Pourtant, en 1995 Sakagushi met la derniere main à la série "Ikkyu" qui viendra se placer aux côtés des meilleures séries de Tezuka en terme de qualité. Commençant à sa naissance et se terminant à sa mort, la manga accompagne la vie du moine Ikkyu, bonze légèrement anarchiste sur les bords et plus fidèle à la parole de boudha qu'aux ronds de jambe de l'église ou de la noblesse. Akanbe Ikkyu traverse les évènements de son siècle en ne se souciant que des details du quotidien. De part l'ampleur de la focale présentée (une vie entière) et de par la remarquable évolution psychologique et graphique (Ikkyu s'il vieillit tout au long de la série conserve toute sa personnalité graphique, un véritable tour de force en matière de dessin) cette série offre une dimension exeptionnelle aux idées dévelloppées et aux émotions qui traverse l'oeuvre. Les séries de cette qualité et de cette profondeur se comptent sur les doigt d'une main, en Europe ou aux Usa ne cherchez pas: seul quelques albums du pays du soleil levant comme le "Bouddha" de Tezuka peuvent rivaliser avec un tel chef d'oeuvre.
Comme si "Ikkyu" se devait d'être l'oeuvre d'une vie, Hisachi Sakagushi s'éteindra peu après avoir achevé le dernier tome. Sakaguchi reste peut connu du grand public au Japon comme en France bien qu'il soit une référence majeure pour bon nombre de mangakas (et d'auteurs français) il laisse trois séries achevées et une poignées de recueils d'histoire courtes (histoires de sf et fantastiques, principalement). En France, si Ikkyu a bien été mené à son terme, les excellentes séries Ishi no hana (fleur de pierre) et Version (id.) restent inachevées. Ikkyu sera réedité chez Vents D'ouest à la rentrée, une bonne occasion de découvrir cette série indispensable!

CoeurDePat
"Ikkyu" représente quelque chose de tout à fait exceptionnel.
Hisashi Sakaguchi avait déjà fait "Fleur de pierre", un manga de 9 tomes (dont 3 traduits...) sur la deuxième guerre mondiale en Yougoslavie. Le sujet en soi était déjà impressionnant, la façon de le traiter également.

Changement de lieu et d'époque : le Japon médieval, ses rivalités, ses guerres, et... le bouddhisme.
Cette oeuvre est exceptionnelle de par sa documentation : les références historiques sont très abondantes, la filiation des shoguns décrite en détail, le souci historique certain, jusque dans la vie quotidienne du petit peuple.
Exceptionnelle également par son sujet : des bandes dessinées sur le bouddhisme, on ne peut pas dire que ça abonde. De plus il s'agit là d'une fresque s'étendant sur toute une vie, ce qui permet de traiter presque un siècle d'histoire.
Exceptionnelle encore par son graphisme : Sakaguchi témoigne d'une maîtrise impressionnante de son style. Le dessin sait se faire humoristique ou épique en l'espace de quelques cases. Les scènes de combat en particulier sont parfois véritablement impressionnantes.
Exceptionnelle aussi par son scénario : on mélange ici la vie d'Ikkyu à proprement parler, son cheminement sur la voie de la sagesse, ses états d'âme, ses découvertes de concepts zen (illustrés très allégoriquement), mais aussi la naissance du théâtre Nô, les querelles intestines du Japon, la vie du peuple de l'époque, et bien d'autres choses encore.

En toute honnêteté, la lecture de ce manga est difficile, et je dois confesser n'en avoir compris qu'une partie. "Ikkyu" est en effet un récit dense, bourré de références que l'occidental qui n'a pas étudié l'histoire japonaise ne connaît pas, de surcroît non linéaire, et illustrant des concepts parfois abscons.
Il ne peut que demander plusieurs lectures afin de commencer à le comprendre.

Dans tous les cas, il s'agit là d'un travail énorme (1200 pages) et qui vaut certainement le détour !

Laotzi
Ikkyû, de Hisashi Sakaguchi (auteur malheureusement décédé en 1999), raconte la vie du moine du même nom, de sa naissance à sa mort, à l’époque du Japon médiéval, à la fin du 14ème siècle, où le pays est entre les mains des Shogun, et où l’empereur n’a qu’un rôle honorifique, en dépit de son statut divin. Or, Ikkyû s’avère être le fils illégitime de l’empereur, et sa mère, pour le cacher, le confie alors à un monastère bouddhiste. Commence alors la longue quête initiatique de cet enfant, puis de l’adulte qu’il devient, à travers sa destinée de moine. A noter que Ikkyû est un personnage tout à fait réel, même si bien sûr, l’œuvre ne constitue pas une biographie forcément exactement fidèle. Pendant toute sa vie, Ikkyû sera un moine atypique, totalement en dehors du système hiérarchique religieux bouddhiste, vivant en ermite sous la conduite d’un maître puis avec quelques disciples, parcourant le pays sans prosélytisme aucun.

A partir de là, en quatre gros tomes magnifiquement adaptés en Français par Glénat, l’auteur nous conte non seulement la destinée quotidienne de cet étrange moine, mais plus largement déborde en replaçant l’histoire dans son cadre historique, politique, social et culturel. Ainsi, l’environnement politique, avec la succession et la domination des différents Shogun, les luttes intestines pour le pouvoir, sont extrêmement bien retranscrites, avec le même brio que Tezuka dans Phénix (même si le traitement est très différent). De même, la misère sociale du peuple apparaît sans concession, dans toute sa détresse, dans toute sa réalité. Enfin, le contexte culturel est extrêmement présent, notamment à travers l’évocation de la mise en place du théâtre Nô, avec la gloire et la déchéance de son créateur. Ces phases peuvent parfois paraître un peu longues, voire même un peu lassantes. Toutefois, elles sont d’une importance capitale, en participant de manière grandiose à ce que l’œuvre fasse globalement sens. En effet, la vie du moine, les actions qu’il entreprend, son mode d’existence, tirent leur signification ultime de ce contexte omniprésent, contre lequel Ikkyû réagit en permanence.

Et de même que Tezuka dans certains tomes de Phénix, Ikkyû nous montre parfaitement que la religion, et plus précisément le bouddhisme, constitue une arme politique de premier choix pour les dirigeants du pays. A la fois pour soumettre, pour rendre docile le peuple, les paysans et les citadins, mais aussi pour unifier le pays autour d’un même culte, de mêmes valeurs, et s’attacher le soutien des grands. Et notre valeureux moine fait son bonhomme de chemin à travers tout ça, traçant sa route sans se préoccuper des sirènes du pouvoir et de la hiérarchie, offrant une voix dissidente dans le bouddhisme zen japonais. Et il nous offre au bout du compte, non pas un système établi, ordonné, dogmatique, mais un enchaînement de situations concrètes formant son mode d’être au monde, son mode d’existence dans le monde.

L’auteur fait preuve dans son traitement d’une très grande intelligence. Tout d’abord, le dessin est tout à fait agréable, parfaitement adapté à l’œuvre. Certains le trouveront peut-être vieillot mais il est avant tout remarquablement maîtrisé, notamment dans l’évolution graphique du personnage dans le temps passant du bébé au vieillard, et laissant même place à des moments oniriques, poétiques et magnifiques, où l’auteur traite son héros avec une grande tendresse. Ensuite, l’auteur opère constamment une distanciation comique, humoristique dans son œuvre, n’hésitant pas à placer son héros dans des situations qui ne le mettent pas toujours à son avantage, et en en faisant un personnage sachant remarquablement maîtriser l’art de l’humour et de l’ironie. Il ajoute ainsi un coté plus divertissant à son histoire, tout en intégrant cela dans la signification même de l’œuvre. A savoir que le doute, la remise en question permanente doit être le moteur de la vie, le moteur de son mode d’existence et donc de son mode d’action dans le monde et donc dans la société. Et que la vie ici bas doit être vécue dans sa pleine réalité, dans toutes ses dimensions, sans privation, se situant en quelque sorte dans une tradition hédoniste et sceptique (donnant lieu ainsi à un moine buvant de l’alcool, profitant des joies corporelles de la vie…).

Œuvre d’une extrême intelligence, fine, drôle, totalement maîtrisée, d’une complexité impressionnante, d’une ampleur intellectuelle tout à fait remarquable, d’une grande profondeur philosophique, Ikkyû est sans aucun doute l’un des mangas parus en France les plus exceptionnels qui soient. Un véritable monument de la bande dessinée, absolument indispensable à tout amateur qui se respecte. Un chef d’œuvre, ni plus ni moins.

jc
L’arrêt de la série en petit format chez Glénat m’a poussé à acquérir les deux derniers tomes. Pourtant je n’avais pas prévu dans l’immédiat de finir la lecture d’Ikkyu. J’avoue que j’ai eu du mal avec les deux premiers tomes. Ma lecture a été assez inégale passant par des séquences fortes à d'autres plus laborieuses. Néanmoins il en est ressorti un sentiment de qualité (scénario, dessins, éléments historiques) mais aussi l’impression de n’être pas rentré entièrement dans cette œuvre.
Après quelques péripéties pour trouver le tome 3 chez Glénat, j’entreprends avec appréhension la suite d’IKKYU.
Et la, deuxième aveu, j’ai pris un plaisir fou pour pas dire énorme avec ces deux derniers tomes.

Alors que ce est-il passé ?
C’est difficile à dire.
Les deux derniers tomes seraient-ils meilleur ?
Non je ne le crois pas.

Ikkyu est une série dense à laquelle il faut accorder du temps pour en saisir toutes les nuances. Moi il m’a fallu deux tomes pour en apprécier toute la richesse. La vie d’Ikkyu nous est racontée à travers son apprentissage et sa vision du bouddhisme, les changements incessants de la vie sociale et politique du japon et le théâtre Nô. Comprendre les interactions entre ces trois angles du récit m’a aussi pris du temps. Par moment ces passages m’ont paru obscurs, sans grande signification pour l’histoire. Mais une fois intégrées dans ma lecture ils m’ont révélé le sens profond du récit qu’a mis en place Sakaguchi.

Le dessin est un régal, toujours juste et maîtrisé sans effet de style. L’évolution graphique d’Ikkyu à travers son éveil spirituel et le temps est remarquable. Le travail graphique de Sakaguchi soutient avec force et discrétion le récit et je me répète la justesse du dessin est un plaisir. Sakaguchi nous livre une fresque remarquable mêlant humblement philosophie, histoire et humour.

Je suis très heureux d’avoir fini la lecture d’Ikkyu.
Je peux vous faire un troisième aveu ?
Je ne suis pas loin de penser que c’est un chef d’œuvre, une deuxième lecture le dira peut-être !
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