 |
Le lettrage [ Bandes Dessinées : auteurs, séries, et toutes ces sortes de choses... ] retour forum Pages : 1
 | |  |  | Je ne suis pas certain que ce soit l'apanage de la BD commerciale. On peut d'ailleurs s'étonner que tu ne te rendes compte de ça qu'en 2014 :). |
 | |  |  | Merci pour vos judicieuses interventions.
Comme dit souvent Menu, tout fait style dans la BD, même la graphie de l'écriture qui met encore plus l'auteur à découvert. Le lettrage a cela de fort et de parlant qu'il s'associe tout de suite à un monde, même quand il n'est pas de la main de l'auteur : le lettrage d'Anne Delobel, pour moi, c'est à tout jamais la main de Tardi. Quand je lis un Forest avec la même écriture ("La jonque fantôme vue de l'orchestre"), je suis perturbé, j'ai l'impression que Tardi hante les pages, ça me crie dans les oreilles. Je me souviens aussi d'un Carlos Nine lettré par Larcenet ou de pages de Jason lettrées par Fred Peeters et je trouvais que c'était de l'inconscience totale de ne pas se rendre compte que c'était tellement connoté que ça en devenait illisible. (Certes, même les meilleurs lettreurs, comme Menu chez Max Andersson par exemple, font quand même entendre un petit peu leur voix, c'est plus fort qu'eux et peut-être qu'ils ne s'en rendent même pas compte, comme un Trondheim qui avait l'impression de dynamiter son style avec Frantico alors qu'il suffisait d'observer la moindre lettre pour être fixé.)
Bref, en perdant la main je trouve qu'on perd en caractère (c'est le cas de le dire, hu hu) et qu'on gagne en fadeur. La BD industrielle maniait déjà le cliché mais au moins elle était l'oeuvre de bons artisans, maintenant même l'artisanat se perd, ma bonne dame. |
 | |  |  | Il faut plutôt demander aux dessinateurs pourquoi ils délaissent le lettrage manuel (comme la mise en couleurs d'ailleurs) : par soucis de productivité (ça prend du temps), parce qu'il est plus simple ensuite de faire des adaptations en langue étrangère (bulles vides ou pas de bulles du tout) ou par manque d'intérêt.
La tradition typographique a disparu de notre pays depuis longtemps maintenant, alors qu'elle est toujours bien vivante dans les pays anglo-saxons. En France, cette discipline est négligée dans les écoles de communication visuelle, en dépit de toutes les possibilités qu'offre l'outil informatique.
Dans le milieu de la pub, si vous parlez de rectifier des approches dans un titre à un jeune directeur artistique, il ne saura, au mieux, pas de quoi vous parlez, au pire, il vous rira au nez. C'est la raison pour laquelle toutes les affiches et annonces dans la presse se ressemblent, non seulement en termes de caractères typographiques mais aussi de mise en page.
En France, on retrouve ce manque d'intérêt pour la typo, bien qu'à un degré moindre, même dans les secteurs du graphisme ou de l'édition.
Alors que le directeur typographique (type director) est un poste occupé à plein temps qui existe dans les agences anglaises et américaines.
|
 | NDZ, 26.01.2014 à 20:11 | 354036 |
|  |  | Un bel exemple, c'est Masse. Je me suis récemment surpris à lèse-majester : le lettrage des rééditions Glénat, bien que suivant la volonté de Masse, est juste beaucoup moins beau que dans... l'avalanche, sans forcément appuyer la démarche goujatte de Menu :) |
 | Herbv, 26.01.2014 à 17:20 | 354035 |
|  |  | D'autant que je me souvienne, le "lettrage manuel" d'Hiroshi Hirata ne concerne que les titres de ses histoires, en aucun cas le récitatif ou les dialogues. Il a aussi dessiné les titres des versions françaises pour Delcourt.
D'ailleurs, comme l'a rappelé Mr_Switch, cela fait des dizaines et des dizaines d'années que le lettrage est mécanique au Japon. Il n'est même pas réalisé par l'auteur mais par un de ses assistants ou, cas fréquent, sous-traité par l'éditeur auprès d'un prestataire extérieur.
Pour ma part, je ne suis pas gêné par un lettrage mécanique, surtout si l'auteur (ou l'éditeur) ,n'hésite pas à modifier ou créer son propre jeu de polices et sait les varier avec efficacité et pertinence. |
 | effer, 26.01.2014 à 14:59 | 354030 |
|  |  | Hirata Hiroshi continue le lettrage manuel, mais il donne un sens à sa calligraphie.
Il en a même fait des démonstrations au Festival d'Angoulême. |
 | |  |  | Si je me souviens bien, au Japon, les mangas commerciaux se doivent d'être écrits mécaniquement/informatiquement, mis à part les onomatopées qui elles seront plutôt tracées à la main.
Sinon, oui, c'est bien connu que le lettrage est de plus en plus informatisé... Soit utilisant des polices genre Helvetica, soit des polices pseudo-scriptes.
Il y a des raisons économiques, pratiques, etc. Ca permet aussi au scénariste/relecteur/éditeur de pouvoir modifier le texte jusqu'à tard dans la chaîne de réalisation.
Oui, un beau lettrage à la main, c'est chouette. J'ai rarement vu des gens préférer du typographique pur.
Après tu peux aussi aller sur des terrains proches : les textes tout en capitales m'agacent parfois réellement, selon la police de caractères utilisée. |
 | |  |  | En effet, alors que les BD de merde que je lisais que j'étais jeune contenaient malgré tout un lettrage digne de ce nom, je veux bien entendu dire manuel, les BD de merde qui paraissent actuellement sont quasiment toutes lettrées mochement et froidement à l'ordi. Je ne m'en aperçois que depuis quelques mois et cela m'effraie car pour moi c'est vraiment un signe des temps que quelque chose s'est écroulé.
Vous remarquerez qu'on peut remarquer la même inquiétante évolution pour les BD traduites : quand on feuillette un Charlie Mensuel, on voit que le moindre classique américain est lettré à la main, or maintenant c'est la loi de la police de caractère qui gouverne, même pour le patrimoine underground chez certains indés (je pense par exemple aux rééditions Cornélius de Crumb, personnellement ça m'a toujours gêné et ça doit beaucoup jouer dans mon désamour crumbien, c'est peut-être con mais c'est comme ça, la BD c'est pour les yeux). Le cas du manga est bien entendu à part, mais c'est comme s'il avait contaminé l'intégralité des importations.
C'est encore plus de vie qui se perd dans les planches, non ? |
 | |  |  | Je n'ai pas encore trouvé de sujet sur ce sujet, alors qu'on touche là à une des caractéristiques essentielles de la BD qui est défendue sur ce beau forum. Et il est plus que jamais d'actualité. Je m'en explique. (Dans un autre post, vous savez pourquoi.) |
Pages : 1 retour forum |
 |