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© Rackham

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Un autre sang
ScénarioPuyol Sergi
DessinPuyol Sergi
Année2020
EditeurRackham
SérieOne-shot !
Bullenote [détail]

 

1 avis

Mael
Publié entre deux confinements et fermetures de librairie, ce premier titre traduit de l’auteur catalan Sergi Puyol est passé complètement inaperçu à sa sortie. Lancé dans la bande dessinée il y a dix ans, ce graphiste (et lettreur !) a publié quelques albums chez Apa-Apa et a pu être lu dans la belle revue lituanienne Kûs !, prix de la BD Alternative 2012 à Angoulême, et toujours à la pointe de la découverte d’auteurs contemporains. Son style graphique, fluide et coloré, est agréable sans forcément se détacher particulièrement d’une scène indépendante un peu hype que l’on croise depuis maintenant pas mal d’années. S’arrêter à cette première impression serait cependant une erreur, car le livre à la couverture rehaussée de gouttes de sang brillant mérite d’être découvert.

On y suit Armando, personnage désabusé et misanthrope, qui aime traîner son cynisme dans les rues en voyant parfois quelques amis. Ce qui semble être une chronique sociale assez classique change soudainement d’objet quand il décide d’acheter des mandarines et que devant lui, à l’épicerie, un homme absolument banal plonge en catalepsie en répétant « Une aube anémique érodait l’aurore maladive du côté du levant grisâtre » en boucle. Une fois sorti de sa crise, tout le monde semble oublier ce qui vient de se passer, sauf Armando, qui file chez une amie lui raconter la scène. La phrase ne lui est pas inconnue et se révèle être un extrait d’une obscure nouvelle de Mikhaïl Cholokhov, Prix Nobel de littérature 1965, un rien oublié et dont ce texte est d’ailleurs non traduit en français en 2021.

Et voilà que ce qui pouvait être une anecdote sympathique à raconter commence à l’obséder. Sans doute est-ce d’abord par ennui, mais la phrase le poursuit, il en rêve, achète le livre, cherche le sens, imagine les multiples possibles qui ont pu créer la scène. Il ira jusqu’à courir les hôpitaux pour retrouver l’homme, et une explication. Au fil du temps, ses quelques proches commencent à en avoir marre de cette histoire qui va bien une fois ou deux, mais n’a pas assez d’intérêt pour remplir toutes les conversations. Armando vit désormais pour percer le mystère et la manière dont il plonge peu à peu dans cette fascination dévorante et quasi hypnotique, ponctuée d’images parfois délirantes, est particulièrement bien rendue. S’isolant petit à petit, rencontrant quelques bandes tirant des scénarios farfelus, il quitte sa ville à un cabanon de forêt, entre chewing-gums roses et alcool coulant à flots, nourrissant des flots de pensées et de panique en sueur, parfois nimbées d’hallucinations.

Plus que l’histoire en tant que telle, qui ne contient guère de suspense réel, ou que le personnage, assez peu sympathique, c’est bien la description de cette boucle infinie évoquant la psychose qui convainc. Une psychose partie de rien, décrochant petit à petit du réel et dont le porteur se voit parfaitement rationnel. Elle semble ainsi bien plus crédible que nombre de folies de fictions, et le dessin d’abord jugé classique vient renforcer sa puissance, dans son apparente normalité calme. Il est temps de rendre justice à Un autre sang et, presque un an après sa sortie, de lui faire retrouver l’étal des librairies.
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