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  Mael
    | Soudrille se rêve en mauvaise position. Ses songes se terminent toujours mal : il y est au minimum humilié, voire découpé en morceaux. Au lieu de laisser ses divagations au placard, il les dessine au réveil. Son alter-ego y est tour à tour méchant, méprisable, idiot. Dans le meilleur des cas, naïf. Si peu complaisant avec lui-même, Sourdrille ne se flagelle pourtant pas et assume ses délires, son amour des femmes puissantes et ses fantasmes castrateurs.
De toute façon c'est pour de faux, alors autant en rire ! Il est ballotté et entraîne le lecteur avec lui. De son trait rugueux, Sourdrille tire un monde violent, très sexué et pousse bon nombre de limites. Les Idoles malades est un livre noir mais jamais plombant. Au contraire il grince avec délice en pointant nos vices les plus inavouables. Crumb ne s'y est pas trompé, en le déclarant meilleur dessinateur du moment, mais n'a pas parlé du scénariste.
Saluons-le donc. En alternant rêveries à la fondue Galloise – hommages à un Little Nemo sous acide – et sketchs caustiques – allant d'une chasse à courre matriarcale aux crises d'adolescence d'un quarantenaire meurtrier – Sourdrille tire à vue sur tout ce qui bouge. Au-delà de la provoc', son imaginaire surprend par son inventivité. N'exploitant aucune recette connue, il explore une voie étroite et livre une BD jouissive et désinhibante, profondément salutaire.
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