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Amer Béton - Tekkinkinkrito
Dessin : Matsumoto Taiyô / Mounai Hiroyasu / Takahashi Junji
Scénario : Matsumoto Taiyô

Amer Béton, terminé


Volume 1 - 1996

Volume 2 - 1996

Volume 3 - 1996

 

2 avis


coeurdepat
Attention, chef d’œuvre en voie de disparition ! Il semblerait que ce manga, publié en trois tomes, soit retiré du catalogue Tonkam fin août 2003. Publié en 1996, il n’a apparemment pas été réédité depuis, vous aurez donc peut-être quelques difficultés à le trouver…

Évidemment, le manga c’est encore pour certains de la baston et du cul. Évidemment aussi en cette période assez faste d’ouverture au manga, le manga c’est une culture et un domaine très analogue à la bd franco-belge. Le truc, c’est que les mangas publiés en France restent finalement cantonnés à quelques domaines assez ciblés, et qu’assez peu sortent de ces sentiers plus ou moins battus.

«Amer Béton» est donc (à ma connaissance, hein) le premier, et peut-être le seul, manga «underground» traduit en français… Enfin je ne suis sûr de rien, mais regardez un peu ce dessin, ça a tout de l’underground.

Quoi qu’il en soit, ce même dessin aura probablement tendance à rebuter de prime abord : objets et décors gentiment fantaisistes, perspective approximative, expressions plus que caricaturales, et surtout il est assez moche, particulièrement au niveau des visages. Pour couronner le tout, le tome 1 a été un peu bâclé, et la résolution du scanner étant insuffisante, on a droit à un magnifique effet de pixellisation (qui fort heureusement disparaît par la suite).

Alors bon, on se dit quand même que ce serait bête de louper un truc qui va disparaître, qu’au moins ça semble bien atypique, et que si «tellement» de gens bien informés en disent du bien sur certains sites, c’est que peut-être finalement ça ne sera pas si mal… On commence à lire le tome 1, c’est un peu bizarre, on ne comprend pas tout (un môme coiffé d’une tête de lion qui parle à la troisième personne, un autre perché sur un poteau électrique…), et puis au fil des pages on se retrouve à découvrir une histoire qui ressemble à une guerre des gangs, avec des flics, des gangsters, d’autres gangsters, une ville, et au milieu de tout ça, Blanko et Noiro (les deux héros), deux sales mômes qui tabassent et vivent dans une voiture, qui sont de vraies terreurs et qui composent le gang dit des chats.

Blanko est un peu incomplet du côté intellectuel, Noiro est incomplet d’ailleurs, vous le découvrirez si vous lisez cette série. Noiro veille sur et protège Blanko. Car le bordel va s’installer sur la ville… Guerre des gangs, lutte pour la ville que les chats considéraient jusqu’alors comme leur appartenant, étrange yakuza qui crée un parc d’attraction et veut tout dominer…

Difficile de résumer, car «Amer Béton» c’est une foule de choses !
C’est de la brutalité urbaine, avec ces deux mômes et les bastons qu’ils provoquent. C’est des acrobaties improbables à n’en plus finir. Des jeux de pouvoir à la pelle. Mais c’est plus, bien plus que cela.
«Amer béton» c’est aussi la question de l’identité : nous faisons ce que nous faisons parce que nous sommes qui nous sommes ; agir autrement revient à ne plus exister. C’est une vision proche de la mythologie scandinave : on sait que Ragnarok va arriver et que nous serons défaits, mais en attendant on a un destin à accomplir, et on le fera. De même que dans «Le seigneur des anneau », c’est le changement et la résistance au changement, l’annonce d’une nouvelle ère, la disparition d’une ancienne et toutes les luttes que cela suppose. C’est de la folie, du rêve, de l’onirisme, des visions devenues réalité et une réalité parfois fuyante.
«Amer Béton», c’est des symboles en veux-tu en voilà ! Des chats, des rats, des tortues, qui participent à la signification, quelques scènes absolument stupéfiantes de symbolisme et pourtant d’une limpidité absolue. C’est des oppositions en chaîne : Blanco / Noiro, Jour / Nuit, Chokola / Vanille, etc. C’est un graphisme fouillé où les trames se font rares, très très expressif et qu’on en vient à adorer. C’est un découpage des scènes dynamique, qui alterne parfois par chapitre, parfois par page. C’est quelque chose que quand on plonge dedans on est aspiré.

«Amer Béton» c’est de la poésie urbaine, c’est un chef d’œuvre et il disparaît bientôt. Courez le chercher pendant qu’il en est encore temps !

Herbv
Blanko et Noiro sont deux gamins des rues qui règnent dans les airs d’un vieux quartier de la ville de Takara. Acrobates et combattants hors pair, ils font régner leur loi aussi bien à l’encontre des adultes que des autres enfants. Ils vivent dans une vieille carcasse de voiture sous un pont le long de la rivière qui sépare le quartier du reste de la métropole. Leurs journées consistent à voler, racketter et combattre leurs ennemis, que ça soit des lycéens, des voyous, des sans-logis, des salariés, d’autres gosses sans foyer, etc. Même si l’avenir est bien sombre pour nos deux personnages, il ne semble pas devoir les inquiéter car ils semblent invincibles même si Blanko n’aime pas la nuit, lui donnant l’impression de mourir. Malheureusement, Takara n’est pas immuable et de gros bouleversements s’annoncent avec retour de Suzuki, un yakuza, et l’arrivée de Serpent, un mystérieux promoteur immobilier qui veut construire un parc d’attraction en plein centre de la vieille ville après l’avoir rasé. Ce dernier est associé avec le chef de Suzuki, séduit par les gains importants que l’opération doit apporter. Une lutte pour le pouvoir entre commence alors sous les yeux de la police. Celle-ci est représentée par Fujimura, un vieux flic désabusé, et Sawada, nouvellement rentré dans le corps pour pouvoir utiliser son arme à feu légalement. Qui va l’emporter, à supposer qu’il puisse y avoir un vainqueur ?

Amer Béton a été prépubliée entre la fin de 1993 et le début de 1994. La série, en trois volumes, a connu immédiatement un certain succès malgré un sujet assez dur, un graphisme atypique et une narration assez peu "manga" du fait d’un grand usage de l’ellipse. Dès 1996, Dominique Véret, alors chez Tonkam, a proposé une version française ; un grand échec commercial, le public pour ce type d’œuvre n’existant pas encore. Devenu très difficilement trouvable, le titre était devenu mythique. Grâce à son adaptation en film d’animation en 2006, une réédition en un volume paraît chez Tonkam. Une seconde chance de découvrir un des plus grands mangas nous est ainsi donnée. L’œuvre propose un contenu très riche avec plusieurs niveaux de lecture. Il y a d’abord la lutte pour le contrôle de la ville entre Kuro, Blanko et Serpent, associé avec les yakuza. Mais il y a aussi la recherche du bonheur, d’être soi-même, ce qui passe par la lutte contre ses démons intérieurs. On peut considérer que la ville symbolise la société actuelle et sa marche forcée vers un bonheur aseptisé, la modernisation se faisant au détriment des traditions, des habitudes de vie du peuple au profit de quelques-uns qui ne recherchent que l’argent et le pouvoir. Mais la noirceur et la violence des événements sont contrebalancées par l’espoir, donnant ainsi la possibilité de réfléchir sur le monde qui nous entoure. Il s’agit d’une œuvre à ne pas manquer, sous aucun prétexte.

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